L'Hommage au Lieutenant BRIOT notre parrain

Officiers de la Promotion Lieutenant B R I O T.

Souvenons nous.

Le 20 décembre 1958, en ces lieux, Monsieur l'Intendant Militaire de 1ère classe OURLIAC, Directeur de l' Ecole Militaire d'Administration, s'adressait à nous en ces termes " Elèves-Officiers d'Active. Votre Promotion prendra le nom de Lieutenant BRIOT. Vous devez être particulièrement fiers de recevoir le parrainage d'un officier au passé militaire si éclatant et si glorieux, magnifique exemple de chef "

Aujourd'hui, en ces mêmes lieux, exactement 18.421 jours après, nous nous recueillerons en écoutant à nouveau l'évocation de la carrière de notre parrain qu'une mort glorieuse a interrompu en pleine force de l'âge.

Alexandre BRIOT naquit à Rueil le 21 juin 1910. A 20 ans il s'engage par devancement d'appel au 2e11e Régiment de Cuirassiers où, formé à la dure école des Cavaliers, il se fait immédiatement remarquer par son allant et son ardeur au travail. Les brillantes qualités de soldat dont il fait déjà preuve lui valent une promotion rapide au grade de Maréchal des Logis et plus tard son admission dans le cadre des sous-officiers de carrière.

Le 15 octobre 1937 il entre à l'Ecole Militaire d'Administration de Vincennes où il opte pour le Cadre Spécial du Service d'Etat-major. Pendant un an, il va consacrer tous ses efforts au travail pour se familiariser avec les problèmes d'Etat-major qui vont pour quelques années servir de cadre à ses activités d'officier. Nommé sous-lieutenant d'active le 15 septembre 1938, il est affecté à l'Etat-major du Commandement Militaire des Oasis à Ouargla. Il quittait ainsi le territoire français sans se douter qu'il ne le reverrait que six ans plus tard pour y mourir glorieusement.

A la mobilisation générale de 1939, il est affecté à l'Etat-major de la zone avant du Front-Est saharien à Fort-Flatters. Survient alors la défaite de 1940, après la drôle de guerre qu'il ne peut comprendre ni admettre, dans sa garnison lointaine. A l'instar de ses nombreux camarades, il est placé en congé d'armistice et maintenu dans son emploi après avoir été promu lieutenant d'active .

Le Lieutenant BRIOT a vite compris que sa présence en Afrique du Nord, au cours de cette période obscure des années 1940 à 1941, constitue pour lui un salut dans les heures difficiles que traverse la France entière. Sous la conduite de Chefs qui refusent la défaite, il perfectionne sans cesse son instruction et sa formation militaires.

Après une longue attente, il voit enfin se dessiner la possibilité de reprendre la lutte et le 10 novembre 1942 il rejoint le Front de Tunisie avec l'Etat-major du " Groupement LORBER ".

Sur sa demande il est affecté au 5ème Régiment de Tirailleurs Algériens. Là commence pour lui l'existence qu'il rêvait, celle d'un chef entraîneur d'hommes et assoiffé d'action. Ses notes sont très élogieuses. Son chef le considère comme un officier de premier plan et se plaît à souligner son caractère franc et ouvert, son esprit sportif, éveillé et décidé, enfin son moral élevé.

Chef d'un groupe franc, il prend part avec son unité à une suite d'actions dont l'une lui vaut une citation à l'ordre de la Division suivant ordre général n°18 du Commandant Supérieur des troupes de Tunisie et dont voici le texte

" Officier d'un calme et d'une audace au feu qui font de lui une magnifique figure de soldat. Chef de groupe franc, a mené avec cette unité une série de coups de main périlleux. Le 17 janvier 1943, s 'est porté résolument à l'attaque de la ferme du BED, réussissant, malgré un feu intense, à pénétrer dans l'enceinte et à progresser à l'intérieur du dispositif allemand en infligeant des pertes à l'ennemi.

Grâce à son sang-froid et à son esprit de décision, a réussi une manœuvre remarquable de décrochage, ramenant des renseignements importants "

Ses magnifiques qualités militaires le font désigner le 8 mai 1943 pour l'encadrement des compagnies de parachutistes en formation à la Base Aérienne de Fès. Profitant alors de son éloignement momentané des zones de combat pour parfaire son instruction, il suit un rapide stage de parachutiste et est breveté en juin 1943.

Le 3 mars 1944, il est détaché au 1 ' Régiment de Chasseurs Parachutistes et participe alors à la campagne d'Italie, puis à la libération de la France. Ces nouveaux combats lui permettent de donner la plénitude de sa valeur de chef. Dès le début octobre 1944 dans les Vosges, alors que les Armées Allemandes ont le sursaut de désespoir des vaincus, il subit avec ses hommes des attaques incessantes sans montrer la moindre défaillance.

Peu de temps après, le 17 octobre, au cours d'une rencontre de patrouilles, le Lieutenant BRIOT, à 34 ans, tombe glorieusement à l'ennemi. La nomination dans l' Ordre National de la Légion d' Honneur est la plus grande reconnaissance que la France peut accorder à ce magnifique soldat, en même temps que la Croix de Guerre et la citation à l'ordre de l' Armée que je vais vous lire.

" Officier d'un courage splendide, véritable entraîneur d'hommes.Le 6 octobre 1944, au combat du Mesnil, a su, par son calme et son mépris total du danger, galvaniser ses hommes et maintenir intactes ses positions malgré un feu violent d'armes automatiques et de chars lourds.Le 17 octobre, a trouvé une mort glorieuse lors d'une rencontre de patrouilles à la côte 1008 contre un ennemi très supérieur en nombre."

Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre 1939-1945 avec palme. La vie du Lieutenant BRIOT fut très simple, mais aussi combien éloquente. Son ultime sacrifice dans l'accomplissement du devoir lui a fait prendre place parmi es héros dont le souvenir est perpétué par

le Monument qui se dresse devant nous.